Le reportage de notre voyage au Mexique
L'apiculture Mexicaine
Le Mexique est un des principaux pays exportateurs de miel grâce à son climat exceptionnel, surtout dans les états de l'est : Yucatan, Quintana-roo, Tabasco. La flore de ces états est constituée principalement de forêts tropicales primaires riches en plantes et arbres mellifères. L'apiculture y est déjà pas mal développée et continue à se professionnaliser.
L'abeille apis mellifica importée par les espagnols en 1650 est exploitée à peu près dans tout le pays. Elle a été polluée génétiquement par l'abeille africanisée ces dernières années créant un vrai traumatisme chez les apiculteurs habitués à des races européennes dociles. Ils ont été obligés de changer leurs habitudes apicoles, se protéger mieux des piqûres et éloigner les ruchers des maisons et des villages .
La plupart ont abandonné totalement leur activité devant ce qui était décrit à l'époque comme un véritable fléau. Les courageux qui ont persisté n'ont pas eu à le regretter, en effet il s'est avéré que ce croisement agressif et dangereux en F1 s'est montré plutôt bénéfique en 2éme génération apportant de la vitalité et une résistance aux parasites et maladies. J'ai pu manipuler ces abeilles soit disant « tueuses » sans gants et sans vraiment beaucoup de fumée. Par contre les personnes qui nous accompagnaient ont dû effectuer un repli stratégique à 200 mètres du rucher .
La moyenne de production par ruche fait rêver, entre 40 et 70 kg par ruche de miel d'excellente qualité la plupart du temps avec une appellation « organico » (biologique). La miellée dure 4 mois de mars à Juin . Le miel peu consommé par les mexicains est exporté principalement en Allemagne. On voit pas mal de miel sur les marchés à 50 pesos le litre (1 euro = 18 pesos) toujours en bouteilles plastiques de récupération, ou mieux présenté en supermarché et dans les tiendas à environ à 40 pesos les 500 gr.
Nous avons pu visiter des coopératives de producteurs comme la societad de produccion rural KABI HABIN à Blanca Flor dans le Quintana Roo qui exportent 120 tonnes de miel bio pour 200 adhérents, ou des négociants comme la canada dans le Chiapas 250 tonnes, ou tropical honey dans le Yucatan 170 tonnes .Ce miel se retrouve sur le marché européen au port de Hambourg à moins de 2,5 dollars le kg.
Alberto Rosado Caceres directeur de l'entreprise tropical honey près de Mérida ancien apiculteur qui possédait 700 ruches nous a chaleureusement accueillis , il fabrique maintenant des extracteurs et tout le petit matériel apicole : ruches, enfumoirs, gants, voiles, lèves cadres, etc... ainsi que la cire gaufrée, cosmétiques, bonbons et autres dérivés du miel .
Le varroa est présent partout dans le pays , l'atena tumidia venant du nord est très surveillé et ne semble pas s'étendre rapidement.
On trouve un peu partout dans le pays les abeilles sans dard: mélipones ou trigones plus ou moins présentes suivant les régions, ces abeilles déjà exploitées par les peuples anciens (mayas, aztèques et toltèques) étaient les seules présentes sur le continent américain et fournissaient un miel précieux seule source de matière sucrée de l'époque.
Le professeur Rogel Villanueva-guitierez de Chetumal spécialiste des mélipones nous a fait visiter son « meliponario » expérimental au centre Ecosur. L'élevage de ces abeilles est difficilement contrôlable puisque le couvain n'est pas organisé verticalement mais horizontalement comme chez les guêpes et les frelons: pas question de placer des cadres de cire pour les aider dans leur construction. Quant au miel et au pollen ils sont stockés dans des sortes de mini outres de 1 à 2 cm de diamètre placés à la périphérie du couvain en désordre.
Ces dernières sont détruites pour récolter le miel , la production n'étant que de 500 gr à 1 Kg par ruche. La reproduction de ces abeilles ne dépend pas de l'apiculteur, si elles éprouvent le besoin de fonder une autre colonie , quelques éclaireuses vont chercher un nouvel abri puis bâtissent des rayons et alvéoles et ce n'est que lorsque tout sera prêt qu'une reine viendra dans cette nouvelle construction. Pas d'essaimage en masse comme chez apis mellifica et pas de possibilité de division ce qui réduit les possibilités d'agrandissement d'un rucher...
Ce miel a un goût similaire au miel de mellificas mais il est plus riche en pollen puisque les « outres » de pollen et de miel sont récoltées en même temps et donc les deux produits sont souvent mélangés. Il est mal valorisé et vendu dans des bouteilles plastiques de récupération sur les marchés locaux. La plupart du temps il est troqué ou est consommé par la famille.
L'apiculture Mexicaine possède des potentiels énormes de développement: la forêt tropicale est très mal exploitée et les producteurs mal organisés: ils possèdent peu de ruches et se remettent à peine de l'invasion de l'abeille africanisée. A moins d'invasion massive d'atena tumidia dans les prochaines années l'Europe n'a pas fini d'être envahie par ces miels bon marché mais de qualité.
Emile Molès.