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Le Maroc

vue du rucher d'inzerki

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Notre premier voyage de découverte de l'apiculture traditionnelle marocaine a eu lieu en 1997. Depuis, nous sommes retournés de nombreuses fois dans ce magnifique pays . Nos liens d'amitié avec des personalités locales, notamment avec Zaid se sont développés et celui-ci nous accueille maintenant dans l'hôtel qu'il a fait construire: le Jurassic Casbah Hotel. Si vous avez l'occasion de vous rendre dans les superbes gorges du Ziz, n'hésitez pas à y faire une halte, nous sommes sûr que vous ne serez pas déçus par la chaleur de l'accueil.
En novembre 2011, c'est avec Ibrahim, à quelques dizaines de mètres de l'hôtel, que nous avons assisté à une récolte de miel dans une ruche-tombeau traditionnelle.

Nous vous proposons ici une sélection de photos d'apiculture au Maroc, ainsi que le texte de l'article publié dans « L'abeille de France et l'apiculteur » en mars 1998 relatant notre premier voyage.

Voyage au Maroc: article paru dans l' « L'abeille de France et l'apiculteur », page 122-123, n°835 mars 1998.

Visite au pays de la sultane jaune

Notre voyage au Maroc était prévu de longue date mais c'est bien la visite de M. Radi LOUMRARI, président d'une association d'apiculteurs marocains dans notre musée qui nous a décidé pour un voyage orienté vers la découverte de l'apiculture traditionnelle. Après avoir visité le Nord sans grand intérêt pour nos recherches, les médinas, les souks, nous rejoingnons notre ami Radi à Meknès. Notre première destination est le rucher d'Argana situé dans un oasis merveilleux au bout d'une heure de piste à 80 km au Nord d'Agadir. Le plus grand rucher du monde d'après M. LOUMRARI.

Il s'agit d'un rucher collectif avec un maximum autorisé de 10 ruches par propriètaire. Il n'est utilisé que pour la transhumance du thym abondant dans ces montagnes. Le sintempéries, le mode de gestion, le varroa et l'apiculture moderne ont eu raison de cette construction exceptionnelle au moins en partie. Sur les 2000 « cases » d'origine, il n'en reste plus que 1200 environ encore en état dont seuleument quelques dizaines sont encore utilisées. L'ouvrage avait été entièrement rénové il y a une dizaine d'années avec les fonds d'une association française.

Le mode d'exploitation de ce typede rucher est très particulier. Les propriètaires apportent leurs essaims placés dans des ruches traditionnelles: un cylindre de roseaux tressés. Cette ruche est placée dans un compartiment dont l'entrée est bouchée par des planches et de la terre. Les abeilles qui sont à l'étroit dans leur ruche bâtissent dans le compartiment, autrement dit le corps de ruche est placé dans la hausse. La récolte s'effectue en découpant les rayons à la fin de la saison.

Au sud d'Agadir, à Tiznit, nous découvrons au détour d'un chemin, un rucher moderne appartenant à un apiculteur important. Un gardien habite là dans une cabane en bois. Les ruches doivent être surveillées, le vol des ruches est pratique courante au Maroc. Dans ce rucher, les ruches à cadre Langstroth côtoient des alignements de ruches traditionnelles en nroseau tressé, les plus utilisées. Dans d'autres régions, on peut rencontrer des ruches en poterie, en férula ou en racines d'agave. Ici, et comme nous avons pu le constater ailleurs, les ruches sont très légères: les essaims faibles mais correctement traités contre le varroa avec des lanières de Klartan mais un minimum de miel est laissé dans la ruche pour passer l'hiver. Les cadres de corps sont extraits au maximum. Les nourrissements collectifs souvent avec des bidons de 200 litres de sirop de sucre sont pratiqués couramment pour aider à passer l'hiver ou la saison séche et même quelquefois pour « faire du miel ».

Notre remontée vers le Nord en suivant les oasis a été la partie la plus intéressante de notre voyage. L'itinéraire choisi à travers les pistes était parfois un peu éprouvant, mais la moisson d'enfumoirs en terre que l'on a pu faire valait bien le détour.

Nous voilà donc à Ouarzazate, la porte du royaume de la « sultane jaune », l'abeille Saharienne et ses éleveurs aussi sympathiques et accueillants que proches des traditions.

Après une visite à la direction de l'agriculture de Goulmina, on nous met un technitien à disposition tout l'après-midi pour visiter les apiculteurs. Il est nécessaire d'être guidé car les ruches dans les murs sont toujours dans les cours intérieures ou sur les terrasses. Ce mode d'apiculture demande des soins particuliers: l'essaim capturé quelquefois en haut d'un palmier dattier, la reine est recherchée et encagée systématiquement dans une cage à reine en roseau bouchée par une datte machée et dénoyautée. L'apiculteur place la cage dans la cavité résersée dans le mur et l'essaim rejoint sa « sultane » comme l'appelent les gens des oasis. Le tout est rebouché à l'aide de planches et de terre. On peut imaginer l'avenir de ces ruches avec les traitements anti-varroas obligatoires et les ruches à cadres combien plus pratiques pour les manipulations. On a rencontré dans la vallée du Dadès un apiculteur ingénieux qui a inventé un compromis entre les deux méthode: au sommet du mur, il a modèlé une ruche aux parois en terre avec dans sa partie supérieure une construction en bois permettant de recevoir des cadres Dadant. Les 7 mm entre le corps et les cadres ne sont pas respectés mais le systême est loin d'être idiot.

Chez lui, on a eu l'occasion de manipuler des Sahariennes, cette race si docile et prolifique et qui ressemble à s'y méprendre à la buckfast du frère Adam.

Prochaine étape: Er Rachidia, même accueil à la direction de l'agriculture qui sont étonnés de notre goût pour l'apiculture traditionnelle alors qu'ils font le maximum pour essayer de moderniser. Seuleument 10% des colonies sont dans des ruches à cadres et il n'y a qu'un seul extracteur à miel pour toute la province d'Er Rachidia. Ici comme à Goulmina, la pureté de la Saharienne est menacée, les apiculteurs qui achetent des essaims se procurent la noire Intermissa qu'ils trouvent plus productive mais bien plus agressive.

Ce n'est pas très loin, à 20 km au Nord, que nous faisons la connaissance de Zaid, instituteur possédant une huilerie où les olives sont ecrasées avec des meules entrainées par des mulets et passionné d'apiculture. Zaid élève ses abeilles dans des ruches à même le sol appelées de façon peu élégante ruches tombeaux. Elles sont soit fabriquées en pierre et en terre, soit c'est un cylindre de roseau recouvert de la même façon. Il en possède jusqu'à 120.

Durant notre séjour, car nous avons été invités à partager le couscous traditionnel et le gîte, notre hôte nous raconte ses aventures apicoles. Ses ruches essaiment jusqu'à dix fois dans la saison avec, pour les derniers essaims, seuleument une poignée d'abeilles et une dizaine de reines. Ce n'arrive pas, dit-il, avec ses abeilles noires. La cause de l'essaimage est due certainement à l'étroitesse des ruches traditionnelles (25 litres environ) et à l'exposition plein soleil, plus qu'à l'hérédité. Les rayons récoltés, ils sont pressés avec les mains pour en extraire le miel et la cire est jetée près de la ruche pour nourrir les abeilles, aucun intérêt.......

Dans cette région comme dans les zones de montagne, le miel est un vrai trésor, avec une production moyenne de 4 à 5 kg par ruche les bonnes années, le miel est vendu 300 dirhams le litre, soit 180 FF plus cher qu'un chevreau.

Il existe encore des nomades, véritables chasseurs de miel qui escaladent les montagnes à la recherche des essaims sauvages. Il sont bien sûr très difficiles à joindre mais les recherches mèriteraient certainement un reportage.

Emile Molès.